— Joseph Maisin est né à Néthen en 1893
Il termine ses études de médecine à l’Université Catholique de Louvain en 1921 avec la plus grande distinction, après une interruption de 4 ans pendant la guerre 1914-1918, qu’il passa d’abord comme soldat derrière l’Yser et, ensuite en 1916 comme élève officier-médecin en Afrique où il participe à la prise de Tabora au Tanganyika (Tanzanie).
Après son séjour en Afrique, il s’inscrit comme étudiant-chercheur au Laboratoire du Professeur Richard Bruynoghe en charge du laboratoire de bactériologie, d’anatomie-pathologie et de cancérologie.
Suite à ses travaux comme étudiant-chercheur, il est couronné lauréat du concours des bourses de voyage et décide de s’initier à la cancérologie clinique et expérimentale à Paris, à Strasbourg, à Copenhague et, finalement, à l’Institut Rockefeller de New-York.
Rappelé en 1923 par le recteur de l’Université Catholique de Louvain, Monseigneur P.Ladeuze, il est nommé chargé de cours de la chaire d’anatomo-pathologie, de radiologie et de cancérologie. Il obtient du recteur le principe de la construction d’un Institut du Cancer, le premier en Belgique et un des premiers du monde. La première pierre est posée le 1er mai 1925.
Joseph Maisin est nommé à 34 ans, professeur ordinaire et directeur de l’Institut du Cancer qui est inauguré le 29 juin 1927. L’Institut du Cancer est dès le départ pluridisciplinaire et compte parmi les activités qui sont développées le traitement des maladies cancéreuses, la radiologie, la clinique et un laboratoire de recherche. L’institut a une mission d’enseignement et est doté d’un vaste auditoire de 400 places. L’Institut était de ce fait une organisation autonome de recherches, de mises au point, de traitements et d’enseignement du cancer.
Eclectique et pourvu d’une insatiable curiosité, il a abordé avec bonheur toutes les spécialités de son art, créant des liens fédérateurs à l’intérieur même de cet immense corpus que représente la médecine moderne dont il fut un des pionniers.
Enseignant-né, riche d’un savoir exhaustif, il captivait son auditoire avec le don unique de faire le lien du général au particulier. Au chevet des malades, il devenait un autre homme totalement médecin. Tout en soignant les grands de ce monde, il examinait et traitait les plus humbles avec la même conscience professionnelle et le même dévouement et, face à l’inéluctable, il trouvait les mots qu’il fallait pour encore entretrenir l’espoir et éventuellement soulager et consoler. Grâce à son énorme vitalité, il a pu exercer sans faillir le métier éprouvant de cancérologie durant plus de 40 ans.
Une partie de ses recherches porta sur les risques des radiations ionisantes et contribua, avec le Professeur Z. Bacq, au développement de la radiobiologie en Belgique et, en particulier, le département du C.E.N à Mol qui est devenu un des centres des plus efficaces de notre pays.
A côté de cette tâche à l’Institut du Cancer, le Prof. Joseph Maisin permet à la Belgique de figurer parmi les premières places au niveau international. Il est avec ses amis français à l’origine de l’Union Internationale contre le Cancer (UICC) constituée en 1934 dont le siège est situé à Paris et dont les actes sont publiés dès 1935 à Louvain sous sa responsabilité en tant que président du comité de rédaction. Il a été également président de l’UICC de 1954 à 1958. Il présida également le comité exécutif du conseil des organisations internationales des sciences médicales. Il fut admis à l’Académie Royale de Médecine de Belgique en 1961. Même après son éméritat, il fit partie du conseil scientifique du Centre International de Recherches du Cancer (CIRC) à Lyon. Il s’apprêtait à assurer la présidence de ce conseil lorsqu’un tragique accident de voiture l’emporta en 1971.
Deux de ses fils ont suivi les traces de leur père comme médecin-chercheur et enseignant :
Henri Maisin qui lui succéda en 1964 à la direction de l’Institut du Cancer devenu le Centre des Tumeurs et de Radiothérapie qu’il dirigea jusqu’à son éméritat en 1988
Jean Maisin, radio biologiste qui assura longtemps la direction du département de Radiobiologie au Centre de l’Energie Nucléaire de Mol. A sa préretraite en 1987, il poursuivit ses recherches au laboratoire de recherches de radiobiologie du Centre des Tumeurs et de Radiothérapie à Woluwe jusqu’à son éméritat en 1993.
La mémoire de Joseph Maisin est aussi perpétuée par le prix scientifique quinquennal Joseph Maisin attribué tous les 5 ans depuis 1971 dans le domaine des sciences naturelles et médicales sous l’égide du « Fonds National de la Recherche Scientifique » et « du Fonds voor Wetenschappelijk Onderzoek » (Prix quinquennaux FNRS /.FWO).
Ses fils Henri et Jean ont créé en 1987, au moyen de dons et legs, le « Fonds Joseph Maisin » destiné à soutenir la recherche clinique et expérimentale en cancérologie à l’Université Catholique de Louvain.
Références :
– Z. M. Bacq et C. de Duve, Eloge du Professeur Joseph Maisin, dans Bulletin de l’Académie royale de Médecine, 7e Série, 1. 12, 1972, p. 374-392.
– Henri Maisin, L’institut du Cancer de l’Université catholique de Louvain, dans « 100 Years of Radiology in Belgium » 1895-1995, Bruxelles, 1995.